La Semaine de sensibilisation aux cultures autochtones, du 24 au 27 mai, offre aux Canadiens l’occasion d’en apprendre davantage sur les peuples autochtones. La major Shari Russell, conseillère territoriale de l’Armée du Salut en matière de ministères autochtones, discute des défis auxquels font face les peuples autochtones, et de la façon dont nous pouvons contribuer à changer les choses.
Quelle est la réalité contemporaine des peuples autochtones?
Plusieurs questions sociales touchent de près les peuples autochtones.
Femmes autochtones assassinées ou disparues (FAAD)
Les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence en raison de leur sexe et de leur identité autochtone. Les malentendus, l’ignorance et les stéréotypes sur cette question continuent d’avoir des conséquences néfastes sur les membres des collectivités autochtones qui voient leurs mères, leurs sœurs, leurs tantes et leurs cousines se faire assassiner ou disparaître.
Eau
Au cours des dix dernières années, deux tiers de toutes les collectivités autochtones du Canada ont été visés par au moins un avis concernant la qualité de l’eau potable. En effet, des statistiques révèlent que 400 des 618 collectivités autochtones du Canada ont été touchées par des problèmes d’eau potable entre 2004 et 2014.
Suicide
Au Canada, le taux de suicide chez les jeunes Autochtones (15 à 24 ans) est cinq à six fois plus élevé que chez les non-Autochtones. Les jeunes représentent l’avenir, et les collectivités autochtones sont accablées de chagrin. Les raisons sont complexes et il n’existe pas de solutions faciles, mais pour aborder le problème, il est nécessaire de comprendre quelles ont été les conséquences de la colonisation sur les jeunes générations.
Que devons-nous faire pour réparer les relations brisées?
Pour améliorer les relations, il est nécessaire de comprendre les conséquences de la colonisation sur tous les Canadiens. Pour commencer, nous devons prendre conscience de la doctrine de la découverte et du concept de la Terra Nullius qui ont régi les lois internationales utilisées pour justifier la conquête et l’expropriation des terres des peuples autochtones, ainsi que des rafles des années 1960 et des pensionnats indiens.
Il est important de nouer des amitiés avec les peuples autochtones. Fréquenter un centre d’amitié autochtone et participer à des programmes afin d’en apprendre davantage sur la culture et les traditions autochtones sont des possibilités qui sont ouvertes à tous. Assister à un pow-wow et inviter les aînés à témoigner de leurs expériences sont également des moyens de bâtir des liens et de restaurer la confiance.
Que fait l’Armée du Salut pour renforcer les collectivités autochtones?
Dans le cadre d’un grand nombre de ses programmes de services sociaux, l’Armée du Salut offre des soins de base aux Autochtones, ouvrant ainsi la porte aux personnes et aux groupes autochtones. Les relations entre l’Armée du Salut et les peuples autochtones se développent et se consolident.
Cette année, l’Armée du Salut reprend le concept de la table ronde qui a vu le jour l’an dernier, et qui réunit des dirigeants autochtones et de futurs dirigeants de l’Armée du Salut. Nous tiendrons deux tables rondes, l’une en Saskatchewan et l’autre en Colombie-Britannique, afin de bâtir des liens et des appuis entre des membres autochtones de l’Armée du Salut, et de les habiliter à établir des contacts au sien de leurs collectivités et à exercer une influence sur celles-ci.
Pourquoi l’Armée du Salut s’est-elle engagée à améliorer le bien-être des peuples autochtones?
L’Armée du Salut se préoccupe du sort des personnes marginalisées et opprimées, parmi lesquelles se trouvent de nombreux Autochtones. Lorsqu’elle voit tous les problèmes auxquels font face les collectivités autochtones du Canada, l’Armée se sent privilégiée de la confiance que lui témoignent les Autochtones, et souhaite améliorer leur sort.
Les dirigeants de l’Armée du Salut sont désormais sensibilisés à la question de la colonisation des peuples autochtones et de ses conséquences. Ils se sont engagés à améliorer le sort des Autochtones.
Comment les Canadiens peuvent-ils s’impliquer et changer les choses?
Dans le cadre de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, le juge Murray Sinclair a maintes fois répété que : « La réconciliation n’était pas un problème autochtone, mais un problème canadien, qui nous concerne tous. »
Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada contient 94 Appels à l’action, des recommandations que les Canadiens devraient activement suivre. Prenez connaissance des Appels à l’action, et adoptez des mesures concrètes qui mèneront à la réconciliation. La mise en œuvre de certains de ces principes à l’échelle locale est une façon tangible de changer les choses.
L’indifférence et l’ignorance sont les deux principaux obstacles à surmonter. Découvrez la richesse de la culture et de l’héritage autochtones. Renseignez-vous sur les questions sociales qui touchent les Autochtones et sur les politiques qui doivent être modifiées. Consultez les Autochtones et laissez-les vous guider dans ce processus.
Photo : La major Shari Russell à la conférence œcuménique sur la Colline du Parlement, le 30 mars dernier.
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