Une vie marquée par la dépendance

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« Il n’y avait aucun nuage à l’horizon ce jour frisquet de novembre. Je me trouvais sous le pont Pattulo (Vancouver), à l’extrémité sud, à la recherche d’un endroit pour dormir, raconte Michel. J’étais sans logement depuis deux mois, malade et fatigué de la vie, et je me demandais à quoi pourrait ressembler un avenir sans alcool.

« J’ai commencé à boire à 15 ans. Je voulais avoir du plaisir et l’air adulte. En plus, j’étais timide avec les filles. Quand je buvais, j’avais plus de facilité à leur parler. À ce moment-là, je ne savais pas que j’avais des prédispositions pour l’alcoolisme.

« J’ai commencé à étudier le droit, mais j’ai tout abandonné en raison de l’augmentation de ma consommation d’alcool. Pendant les 30 années qui ont suivi, j’ai continué à boire. J’étais un alcoolique fonctionnel―de belles voitures, de beaux appartements, de bons emplois―mais il me fallait six bières chaque matin pour commencer la journée.

« Ma vie consistait en une série de gueules de bois, et les promesses que je me faisais de cesser de boire ne se concrétisaient jamais. Pendant les quatre dernières années de ma dépendance, je mettais en gage tout ce qui me tombait sous la main―des outils, des meubles, des objets reçus en cadeaux―pour entretenir mon accoutumance.

« Je me suis retrouvé en chômage et à la rue. Payer le loyer et aller travailler n’avaient pour moi plus d’importance. Je dormais sous une bâche, sur un banc ou sous un arbre, essayant de dénicher des repas et de faire un peu d’argent. Ce mode de vie a eu des conséquences néfastes sur mon bien-être physique et psychologique.

« À 46 ans, je me suis dit que je ne pouvais plus vivre ainsi. J’avais besoin d’un toit au-dessus de la tête et d’un lit pour dormir. Je suis allé au Harbour Light, un refuge administré par l’Armée du Salut, à Vancouver, où j’avais déjà fait deux ou trois séjours.

« Le lendemain, on m’a envoyé faire une cure de désintoxication pendant cinq jours. À mon retour au refuge, mon intervenant m’a inscrit dans un programme de traitement de la toxicomanie. Cette nuit-là, j’ai dormi dans un vrai lit pour la première fois depuis dix ans. Depuis, ma vie a changé complètement et je suis sobre depuis 2015.

« Le programme de traitement de la toxicomanie offert par l’Armée du Salut m’a permis de reprendre mon souffle et d’envisager un avenir libre de toute dépendance. Je vis actuellement à Grace Mansion, un refuge de deuxième étape de l’Armée du Salut, qui offre un milieu de vie convivial, sécuritaire et rassurant, où je me remets sur pied. Je suis des cours pour devenir conseiller en toxicomanie et travaille à temps partiel au refuge. J’apprécie ma nouvelle vie.

« Lorsque j’ai posé ma tête sur l’oreiller, la première nuit où j’ai dormi à l’Armée du Salut, j’espérais être entre bonnes mains. Aujourd’hui, j’en ai la certitude. Tout ce que l’Armée a fait pour moi visait essentiellement à améliorer ma qualité de vie. »

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